L'humour en thérapie
Il y a quelques semaines, une de mes patientes m’a dit : " Vous lire, c’est plus efficace qu’un alprazolam" (ndlr : anxiolytique).
J’ai adoré ce compliment qui, en plus de flatter mon ego, m’a bien fait rire et m’a donné envie d’écrire sur ce sujet : l humour en thérapie. L’art de faire rire ses patients ou de faire rire sa psychologue ( car bien des patients ne manquent pas d’humour! ).
L’humour est une arme puissante s’il est utilisé au bon moment, à bon escient et sans en abuser. Cela passe par un jeu de mot, un jeu de rôle (ceux qui m’ont déjà vu imiter la dépression le savent!), des métaphores,… Parfois même j’emprunte l’humour des vrais humoristes pour faire passer des messages. Ils n’ont pas attendu ce post pour créer des sketchs thérapeutiques!
Mais attention! L’humour ça se teste. Tous les moments ne sont pas propices à la blagounette. Il arrive aussi que certaines personnes ne soient pas très réceptives à ce genre de langage. Dans ce cas, adieu le mot d’esprit. Car si personnellement j'adore utiliser ce canal de communication, je me dois aussi de m’adapter à mes patients qui n’ont pas tous envie que leur séance se termine en one woman show!
Amandine Duhamel, 2022
Ne rien dire
Cet article traîne dans ma tête depuis Janvier 2021. A cette époque, je prends conscience que je n’ai rien à dire, rien à écrire, pas d’inspiration tout simplement. Et comme écrire pour écrire ne m’intéresse pas, je ne me force pas à trouver un sujet. Pourtant, mon esprit se met à réfléchir sur ce sujet du « ne rien dire ». Oui oui, il y en a qui ont du temps à perdre..ou pas!
Les patients qui ont pu me rencontrer peuvent témoigner du fait que je suis plutôt une psy qui parle. Le « ne rien dire » ne me caractérise pas. Point de « hum hum » à répétition mais plutôt des tirades métaphoriques qui emplissent la conversation. Alors, autant je ne souhaite pas changer ma façon de travailler, autant un peu de retenue serait parfois intéressant, je le reconnais sans honte.
Tout ce questionnement me renvoie à la gestion des silences.
Sur le papier, je connais bien l’importance des silences en thérapie. Le riche « silence plein » qui permet au patient d’associer, réfléchir, ressentir,… et le plus anxiogène « silence vide » caractérisé par un regard parfois gêné qui semble crier « help ». Bien évidemment nombreux de mes collègues pourraient ne pas me rejoindre sur ce point de vue. Car ce que j’aborde ici n’est pas tant le positionnement du patient que le mien face au silence. Souvent associé très positivement dans ma vie personnelle, comme synonyme du repos et d’apaisement, le silence en thérapie se transforme vite en enjeu inquiétant empli de questionnements : « Est ce un silence plein? Un silence vide? A quoi pense-t-il? Que raconte ce regard? Faut-il que je le sauve de ce trou silencieux aussi confortable qu’un puits humide et noir? ». Soyons honnête! Il faut surtout que je ME sauve de cette situation. Car au final, dans mon esprit, « ne rien dire » est le bon copain du « ne pas savoir ». Comme si « ne rien dire » équivalait à faire défaut, à botter en touche.
Alors comme le patient n’a pas à subir les doutes de son psy, je me suis mise à réfléchir à ce besoin de parler en entretien. Comme quoi d’un rien peut naître une réflexion pleine.
Et pour conclure cette petite réflexion personnelle, je vous mets le lien de cette video admirable intitulée « Faut il se taire quand on n'a rien à dire? Thèse du non ». Un discours quasiment sans silence mais rempli de bon sens, d’humour et d’émotion.
Amandine Duhamel,Mai 2021
"Work in progress"
"Work in progress" (littéralement "travail en cours") est une expression utilisée pour partager les étapes d’un travail en cours de création, notamment dans le domaine de l’art.
Je vous propose aujourd’hui un parallèle entre cette progression artistique et celle de la psychothérapie.
Tout commence par une idée plus ou moins précise, un besoin, un manque, un désir de changement. Qu’il s’agisse d’un coup de crayon sur un croquis ou d’un mouvement psychique amenant à consulter un psychologue, il y a toujours un point de départ. Parfois à ce stade, on ne sait pas toujours où aller.
C’est le créateur (l’artiste ou le patient) qui va déterminer le ton de son travail : que le geste soit déterminé ou hésitant, brutal ou doux, contrasté ou subtil …chacun son style. Peu importe, tant que le mouvement se dirige vers l’objectif qui se dessine au fur et à mesure. Le psy aura pour travail de s’y adapter, de s’en étonner, de ratifier et d’accompagner le geste.
Ainsi, essai après essai, en suivant le chemin de la réflexion, on voit se dessiner une amorce, comme une interprétation de SON objectif. Par exemple, tout le monde n’a pas la même définition de l’apaisement. Pour l’un il passera par une phase active de footing quand l’autre s’apaisera dans son canapé, enfin au calme avec bon bouquin.
Si certains parviennent directement à coucher sur le papier ce qu’ils ont précisément en tête, il se peut aussi que le résultat premier ne soit pas à la hauteur de nos attentes, qu’il faille redessiner les contours, améliorer les proportions, même de façon très subtile. Très bien. Il arrive même que l’on doute réellement du chemin pris. Faut-il tout gommer et tout recommencer, voire abandonner? Ces questions sont légitimes et toujours très intéressantes. Souvent, l’objectif évolue avec le travail. Libre à soi de le redéfinir. C’est normal. Et d’ailleurs, Christophe Colomb cherchait les Indes...il a fini par débarquer en Amérique! Un peu par hasard mais il a eu l’air plutôt content de sa trouvaille. Parfois les erreurs de trajectoires ou les obstacles sur le parcours amènent à découvrir des territoires inattendus en nous-même.
Alors, après avoir essayé parfois plusieurs techniques, avoir testé la réaction des matières sur le support, l’oeuvre se dessine. Plate, sans relief au début, elle prend vie avec les détails. Les ombres et lumières le rendent attractif, intéressant, plus complexe et plus simple à la fois. Et c’est bien un visage humain qui se détache de cette planche de bois. Un être se révèle, sort de l’ombre, prend la lumière et par là même du relief grâce à votre travail. Bravo!
Amandine Duhamel,Novembre 2020
Si vous êtes curieux, cliquez sur les images ci-dessous et découvrez le Work in progress.
Psychologue versus Ophtalmologue
Quels sont les 2 points communs entre un psychologue et un ophtalmologue?
(Non non, ceci n’est pas une devinette Carambar!)
Point commun 1 : Ce sont 2 professions finissant par « ologue ». Mouais…
Point commun 2 : Ils permettent, chacun à leur façon, d’agir sur la vision de la vie. Ah! plus intéressant comme point de vue (si je puis me permettre le jeu de mot).
Quelles sont les 2 différences majeures entre ces professions?
Différence 1 : la plupart du temps, un seul RDV par an avec son ophtalmo est suffisant pour avoir accès à des examens précis et pointus permettant de déterminer rapidement que votre myopie a bougé de 0,25 point. Ainsi, une nouvelle paire de lunettes bien ajustée règlera rapidement vos maux de tête et améliorera la vision des petits caractères de votre journal.
En revanche, chez un psy, le travail est tout autre! Pour travailler sur la vision de la vie, le psy et le patient oeuvrent de concert. Ce partenariat parfois minutieux prend souvent plus de temps et d’investissement (investissement actif du psychisme du patient et du psy, investissement temporel en fonction du nombre de séances, investissement financier).
Différence 2 : Il faut bien 6 mois pour avoir un RDV avec un ophtalmo alors que pour un psychologue libéral le délai est souvent bien plus court. De fait, si on a la mauvaise idée de louper son RDV avec l’ophtalmo, on peut être sûr de devoir attendre de longues semaines avant d’avoir la possibilité d’avoir accès à ses soins. Ça dissuade un peu quand même! Du coup, ce type de RDV est noté en rouge sur l’agenda papier, téléphonique et même sur le frigo pour être bien sûr d’y penser.
Chez le psy, louper un RDV semble malheureusement bien plus facile, anodin et moins risqué.
En conclusion
Après un an d’exercice en libéral, je me suis donc penchée sur cette question un poil irritante de l’annulation très tardive des RDV (parfois quelques minutes avant le dit RDV), voire du joli lapin sans explication. De cette réflexion est ressorti ce document( )que je donne maintenant en début de toute prise en charge. Il permet d’avoir une vision plus claire du cadre de la thérapie et amorce une discussion directe avec le patient autour de la relation thérapeutique.
Je remercie les premiers patients pour l’accueil favorable qu’ils ont eu à la réception de ce document.
Amandine Duhamel, Septembre 2020
- Merci -
Il y a 1 an, je prenais une décision importante et nécessaire : celle de diversifier mon activité de psychologue en m’installant à mi-temps en libéral.
Il y a bien eu quelques moments de doutes et craintes mais aussi de l’énergie positive et du défi dans ce début d’aventure. Quelques erreurs qui m’ont fait grandir, quelques ajustements nécessaires, des belles victoires et nous voilà 1 an plus tard pour le bilan.
Aujourd’hui, ce post vous est dédié,
vous les patients qui m’avez fait confiance.
Ensemble, nous avons créé des métaphores fantastiques, décortiqué des situations, fait des hypothèses et des liens pour délier les pieds et poings liés et retrouver une forme de liberté. Nous nous sommes parfois trompés et du coup réorientés. Vous avez appris sur vous-même et par là-même moi aussi. Nous avons tous évolué d’une façon ou d’une autre.
Grâce à vous, je peux me dire que j’ai fait le bon choix et espère pouvoir continuer de longues années à partager avec vous cette relation thérapeutique indispensable à toute prise en charge de qualité.
Amandine Duhamel, Juillet 2020
La reine des neiges de Disney comme exemple d’un bon déconfinement.
Le 11 Mai 2020 sonne normalement la fin du confinement lié au COVID-19!
Je n’ose pas imaginer le nombre de « Libérés!!!! Délivrés!!!!! » qui vont se balader sur la toile.
Je vous propose aujourd’hui de nous baser sur le dessin animé de la reine des neiges de Disney comme métaphore de ce déconfinement.
Alors, je vous explique. Elsa, la reine d’Arendelle, décompense psychologiquement face à un pouvoir qu’elle ne parvient plus à contrôler (de la glace sort de ses mains). S’en suit une fuite en avant et elle quitte le pays le laissant confiné dans un hiver éternel. Elle s’isole dans la montagne enneigée et se met à chanter toute sa joie d’être enfin « libérée délivrée » de ce contrôle qui l'épuise. Cette phrase arrive dans le dessin animé à 32mn. Sachant que le film dure 1h41mn, on se doute bien qu’elle n’est pas au bout du processus. Bon, je vous passe les détails et je vous amène directement à 1h27. C’est au final, le véritable moment de la libération quand elle sauve à la fois sa soeur mais aussi le pays qui sort de son hiver éternel.
Quel lien entre le timing de la reine de neiges et celui du déconfinement?
Le 11 mai, nous en serons donc à l étape « libérés, délivrés ». C’est un 1er moment fort de l’histoire mais qui ne reste qu’une étape. Il nous reste encore un bout de chemin avant de retrouver une vie normale, sereine, comme avant. Dans cet entre deux, il y aura une reprise de la vie avec des gestes barrières et des adaptations pour tous. Et si chacun respecte cette période de protection, il y aura un happy end à la fin.
J’ai donc mis en place au cabinet des mesures de protection afin de pouvoir vous accueillir en tout sécurité. (Cf : COVID-19 )
Amandine Duhamel,Mai 2020
" Vous savez, je suis comme vous! "
Voilà la phrase que j’ai dite à une patiente il y a quelques semaines. (Cette phrase concernait la difficulté à résister à un paquet de chips déjà ouvert).
Cette phrase est toujours vraie concernant le contexte actuel du COVID 19. Et oui! Je suis comme vous. Cette situation m’a rendue anxieuse mais pas que.
Même une psychologue peut être anxieuse…comme tout à chacun. Ce qui est tout à fait normal, sain et adapté.
J’ai ressenti une importante palette d’émotions négatives, mais aussi positives durant ces dernières semaines. Je vous en partage un échantillon.
La peur : quand j’ai compris que cette maladie se propageait très vite, pouvait tuer à la fois nos aînés mais moi aussi. C’est mon instinct de survie qui s’est mis en branle laissant mon psychisme complètement perméable à toutes les informations horribles sur ce sujet.
La colère : quand j’ai ressenti une discordance entre le discours des politiques sur le confinement et certaines pratiques hospitalières. La règle veut que chacun s’éloigne de son congénère à au moins un mètre pour limiter la propagation du virus. Et au lendemain de l’allocution présidentielle, nous nous sommes retrouvés, comme d’hab’, à 15 soignants dans une même pièce pour faire nos transmissions, sans masque, et sans la dite distance nouvellement sociale. Depuis, les choses se sont améliorées.
L’envie : quand, après un hiver plus que pluvieux (dans le Nord en tous cas), il s’est mis à faire un superbe soleil pile au moment du début du confinement.
La joie : quand j’ai appris qu’il y aurait un mode de garde organisé pour les enfants de soignants. Après un Vendredi à retourner la situation dans tous les sens, j’ai eu l’impression d’avoir gagné au loto!
La déception : quand j’ai appris que cette mesure de garde n’était opérationnelle que dans le cas où les 2 parents étaient soignants.
La tristesse : quand je lis le nombre de décès journalier partout dans le monde.
La honte : quand, face aux devoirs des enfants à la maison, j’en viens à préférer être au CH plutôt qu’à la maison. C’est horrible de penser cela quand tant de soignants plus exposés que moi rêveraient de pouvoir faire les devoirs avec leurs enfants
Face à toutes ces émotions, au fur et à mesure, avec un peu de temps, mon psychisme a mis en place des mécanismes de défenses en toute autonomie (procédés inconscients destinés à lutter contre l’angoisse). De telle sorte que je puisse faire baisser très nettement mon taux d’anxiété et de psychosomatisation.
L’inhibition : « Il faut vraiment que je trie les infos qui passent sur les réseaux. Le nombre de morts : ok. Le récit heure par heure de leur descente aux enfers : je zappe. Les rescapés…je lis! »
Le refoulement des informations anxiogènes : « Du danger? Où ça? non je ne vois rien. Je travaille comme d'habitude. Je fais plus attention, c'est tout.»
L’ambivalence : « Je suis dans la bonne partie de l’hôpital versus la partie infectée …
La dénégation : …donc je ne pense pas être en danger. Même pas peur! »
La rationalisation : « et puis si j’effectue bien les « gestes barrière », ça devrait aller. »
La projection : « En plus toute la France est en confinement et chacun a bien compris l’intérêt de rester chez soi pour se protéger et protéger les autres. »
La sublimation : « Espérons au moins que toute cette aventure ait à terme un impact bénéfique, quel qu’il soit, sur le monde en général! »
Au final, je suis bien plus sereine grâce à tout ce petit travail inconscient. Je dors bien, je mange bien, je ne somatise plus et je suis heureuse d’aller travailler. Espérons que ça durera.
On a tous des ressources en soi pour affronter ce genre de difficultés. Et si je les ai, vous aussi! Faites vous confiance et vous saurez vous apaiser, à votre façon.
Amandine Duhamel, Mars 2020
Jusqu'au boutisme
Cette histoire, c'est parfois mon histoire et aussi certainement la vôtre de temps à autre.
J'ai été intriguée par cette vidéo et le sentiment d'irritabilité qui peut en découler.
Sentiment hautement formateur car j'ai vu dans cette video notre capacité à persister dans une voie malgré les signes apparents que ce n'est plus ou pas la bonne voie.
Mais on continue avec une certaine forme de jusqu'auboutisme au risque d'y laisser un bout de soi-même.
Après, chacun y verra ce qu'il a envie de voir et de comprendre. C'est bien tout l'intérêt de ces métaphores animées sans parole.
Amandine Duhamel, Janvier 2020
Noël encensé ou Noël incensé?
Certaines personnes sceptiques par rapport au métier de psychologue me disent parfois que les psys ne sont payés qu’à écouter. Ecouter, oui! Mais pas n’importe comment.
Prenons un exemple bien de saison :
S’il y a une période dans l’année qui ne laisse personne insensible, c’est bien la période de Noël. Période complexe par excellence qu’il est de bon goût de manier avec délicatesse avec les patients. Car Noël: ça passe ou ça casse. Pas de demi-mesure pour cette rencontre familiale qui tsunamise les émotions.
Le psychologue doit être à l’écoute de l’enfant anxieux à l’idée de ne pas avoir été assez sage en cette veille de Noël.
Le psychologue doit être à l’écoute de l’ado en quête de sens, parfois déconnecté de toute cette agitation et excitation ambiante.
Le psychologue doit être à l’écoute de l’adulte, ex enfant, qui sait que Noël n’est pas qu’une histoire de cadeaux mais un peu quand même.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient insensible à la beauté des lumières de Noël, ne voyant par là que ses impôts jetés par la fenêtre.
Le psychologue doit être à l’écoute de l’hypersensible dont le coeur se serre à chaque coin de rue tant l’émotion ambiante le transporte et lui rappelle tous les Noëls passés.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient faisant parti de la team #jachètemescadeauxle24ausoir victime d’un stress aigu dans des magasins sens dessus-dessous.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient faisant partie de la team sentinelle #jerepèreréfléchisetachètemescadeauxdèsseptembre victime d’un stress chronique, espérant ne pas faire de contre-sens dans les désirs de chacun.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient dont l’essence de Noël passe par la religion et se désole de voir cette fête religieuse détournée de son sens premier.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient qui, pour une raison ou une autre, par choix ou par contrainte se retrouve seul ce jour là.
Le psychologue doit être à l’écoute du patient qui se demande s’il verra le prochain Noël.
Finalement, le psy est payé, entre autre, à écouter et à tout entendre. Et si certains discours de patients autour de Noël sont sujets à de grandes élaborations, d’autres ne nécessitent qu’une écoute bienveillante et attentive d’une tranche de vie d’un patient qui vit, à sa façon, son Noël. Accueillir tout simplement ses souvenirs, ses projections, ses désirs assouvis ou avortés loin de tout jugement.
Amandine Duhamel, Décembre 2019
Le Moi sans tabac.
En ce début Novembre, mois sans tabac, je dis merci au tabac pour mon Moi sans tabac!
Mes parents fumaient quand nous étions enfants et il faut bien le dire : j’ai toujours détesté l’odeur de la cigarette. Dans les années 80, il n’était pas rare de fumer à l’intérieur des voitures, fenêtres fermées. A grand cris de « MASQUE A OXYGENE !!!!!!» et plaintes répétées, nous avons réussi à culpabiliser nos parents qui ont au final arrêté de fumer. Il y avait sûrement d’autres raisons à cet arrêt mais j’aime croire que c’était un peu grâce à nous… One point!
Adolescente, je n’ai jamais eu envie d’essayer de fumer puisque l’odeur est toujours aussi horrible. A cette époque, on pouvait encore fumer dans les lieux publics. De ce fait, je n’ai que très peu fréquenté bars et boites de nuit toujours très enfumés. Peu de sorties mais des amis, un peu de sport et beaucoup de révisions…j’ai fini mes études dans le temps imparti sans me ruiner. Two points!
Adulte, je ne fume toujours pas et j’ai découvert l’hypnose. Depuis, j’ai une réelle possibilité d’agir pour que chaque prisonnier de la cigarette ait la possibilité de retrouver sa liberté. Je suis passée du statut de victime de tabagisme passif à celui d'actrice pour une vie meilleure. A chaque fois, j’ai toujours le même espoir que la séance puisse aider. Chaque réussite de patient renforce mon Moi sans tabac…j’adore!
Amandine Duhamel, Novembre 2019
Octobre Rose m'inspire ce post
En tant que psychologue travaillant en oncologie, j'ai parfois entendu les patients me dire : "Pourquoi vous voir? Vous allez me guérir du cancer?". Hélas non...
En tant que psychologue, je n'en ai pas le pouvoir. Qui l'a d'ailleurs? Le médecin? Le patient? Le psy? Le dietéticien? Le cancer?... Une synergie de tout ce petit monde?
J'ai toujours détesté l'idée que "Le moral, c'est 50% de la guérison". Vraie ou pas, cette phrase, assénée comme une vérité prouvée et irréfutable, emprisonne les patients dans un devoir "sourire", "avoir le moral", "être apaisé",... Sinon cela voudrait dire qu'ils ne mettent pas toutes leurs chances de leur côté, voire pire qu'ils sabotent leurs chances de s'en sortir.
Quelle pression! Quelle culpabilité quand au détour d'une chimiothérapie, le moral est en berne!
Le but d'un psychologue, c'est d'abord d'entendre qu'on a pas toujours le moral, que c'est aussi une réaction naturelle, humaine face à un coup dur. Cette validation surprend souvent puis enlève parfois un peu de pression des épaules des patients. Ainsi allégés, même partiellement, nous pouvons travailler ensemble à l'amélioration de leur moral. Non pas parce que cela va les sauver, mais parce qu'il faut bien se le dire : "on vit souvent mieux les choses quand on a le moral que quand on ne l'a pas". Alors, rien que pour ce bénéfice réalisable, cela vaut le coup d'essayer.
Amandine Duhamel, Octobre 2019